mercredi 8 juillet 2015

Avant et après la chute de Richard Bausch


Présentation
Quand Natasha rencontre Michael, elle quitte son trépidant travail auprès d'un sénateur pour revenir au bercail, tandis qu'il quitte la prêtrise, de plus en plus mal à l'aise dans son sacerdoce. Ils se plaisent, ils s'apprécient, ils tombent amoureux. Le mariage est bientôt envisagé. Alors que Natasha part avec une vieille amie en Jamaïque, Michael se rend à New York pour un mariage qui doit être célébré le 11 septembre. Nous sommes en 2001...

Ce que j'en pense
Je crois que c’est une critique parue dans Les Inrocks qui a attiré mon attention sur ce livre, dont le sujet m’a tout de suite intéressée. Je fais partie de ceux pour qui le 11 septembre 2001 a été une date charnière, à partir de laquelle ma perception du monde et de ses équilibres géo-politiques a été bouleversée. Comme beaucoup de gens, je sais très précisément où j’étais quand j’ai appris ce qui s’était passé, et comme beaucoup de gens, j’ai passé l’après-midi à regarder tourner en boucle les mêmes images dans le poste de télévision. Dans ce que j’appellerai par commodité « les romans 11 septembre », qui ont fleuri ensuite, il y en a peu qui m’ont plu, et le plus puissant reste à mes yeux Extrêmement fort et incroyablement près de Jonathan Safran Foer, que j’ai relu et qui garde toute sa force à mes yeux. 
Avec Avant et après la chute, j’ai trouvé quelque chose que je n’avais jamais rencontré : la capacité à rendre compte du moment lui-même, vu par ceux qui ont assisté de loin à l’évènement, qui ont vu leur quotidien bouleversé pendant des jours et leur vie changée à tout jamais. J’ai parfois pensé en lisant ce roman à l’exposition vue il y a des années à Paris sur la catastrophe, sur sa perception et ses répercussions (Ce qui arrive, exposition conçue par Paul Virilio, Paris, Fondation Cartier, 2002-2003)
Il est difficile de parler de ce roman sans spoiler, donc je ne peux en dire plus, mais j’ai aimé la façon dont le romancier évoque ces jours de turbulence : il parvient à nous plonger dans le moment lui-même, dans cette angoisse de savoir que quelque chose s’est produit, de ne pas comprendre tout de suite ce qui s’est passé exactement, de ne pas savoir dans quelle mesure on est touché directement, et cette sensation que le monde a changé, pour le pire. J’ai aimé aussi la façon dont il parvient à faire se répondre deux catastrophes (chut!), l’une étant occultée par l’autre, tout en ravageant le personnage qui la subit. Bausch réussit à entremêler le collectif - le 11 septembre - et le particulier, l’intime, car nous assistons aussi à la formation d’un couple, aux silences qui ne tardent pas à le grever et à le mettre en péril. 
Et j’ai aimé les deux personnages principaux, surtout l’héroïne, Natasha, qui a plus de chair et qui semble plus affectée que Michael, le personnage masculin, y compris par le 11 septembre. Je me suis laissée porter, sans avoir la moindre idée de la façon dont tout ça allait se terminer (et la fin m’a plu aussi). Jamais je ne me suis ennuyée… 
Le tout est porté par une écriture sobre, un récit fluide, un rythme maîtrisé. 
Ce n’est pas un coup de coeur, mais je vous le recommande!


Richard Bausch, Avant et après la chute (Before, during, after), Gallimard, 2015. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Stéphanie Levet. Publication originale: 2014. Disponible en e-book.

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