jeudi 5 mars 2015

Le dernier message de Sandrine Madison de Thomas H. Cook


Présentation (éditeur)
Sam et Sandrine Madison enseignent tous deux — elle l'histoire et lui la littérature — à l'université Coburn, en Géorgie. La nuit où Sandrine succombe à un mélange de vodka et de Demerol, on peut croire à un suicide. Le comportement singulier de Sam lui vaut cependant d’être accusé du meurtre de sa femme, malgré l'absence de preuve. Aux premières heures du procès, tout est envisageable : Sam semble sincèrement effondré et, à l'entendre, Sandrine avait de bonnes raisons de vouloir mourir. Pour autant, il n'est pas impensable qu'il l'ait tuée : plusieurs témoignages éclairent l'affaire d'un jour nouveau qui ne lui est pas favorable. Les souvenirs de l'accusé, qui se déploient en contrepoint des attaques du procureur et des arguments de l'avocat de la défense, brossent un paysage conjugal d'une extrême complexité, embrouillant le jugement du lecteur. Des deux conjoints, lequel a manipulé l'autre?

Ce que j’en ai pensé
Mes lectures de Thomas H. Cook se suivent et ne se ressemblent pas. Entre la semi-déception des Liens du sang et le choc des Feuilles mortes, je placerais Le dernier message de Sandrine Madison. J’ai passé un très bon moment, sans être emportée comme je l’ai été par ma première lecture de cet auteur. 
Le roman m’a fait penser par certains aspects au thriller de Gillian Flynn, Les Apparences. Il y a des thématiques communes comme le devenir du couple, l’érosion de l’amour par le temps et le quotidien. Le personnage féminin, absent puisqu’il s’agit de la disparue, fait penser par sa capacité à anticiper sur les réactions de son époux et les évolutions de l’enquête, à celui des Apparences (mais en moins inquiétante). Pourtant, le constat de Thomas H. Cook est moins glaçant, moins désespéré. 
Le roman n’est pas vraisemblable, mais cela n’a pas d’importance. Qu’importe que je ne croie pas que l’intrigue puisse tourner ainsi, comme cela a été prévu par le protagoniste maître ès-manipulation. Qu’importe car c’est nécessaire au propos de l’auteur, à sa « démonstration ». Il faut aboutir à cette fin, qui donne du sens à tout ce qui précède. 
J’ai été très admirative du dispositif narratif, diabolique à ses débuts. Notre narrateur a-t-il tué sa femme ou non? Le récit est si brillamment mené qu’en dépit de l’usage de la première personne, il est impossible de savoir s’il est coupable. Puis nous comprenons, mais l’intérêt est alors ailleurs. 
Ce roman n’a pas été pour moi le raz-de-marée émotionnel des Feuilles mortes, ce qui montre bien que l’on ne réagit pas seulement en fonction de notre proximité avec les personnages: les personnages et les thèmes du Dernier message de Sandrine Madison me sont bien plus proches que ceux des Feuilles mortes mais ils m’ont moins bouleversée. 
Thomas H. Cook s’affirme vraiment à mes yeux comme un excellent écrivain, qui trace son chemin dans le paysage du polar, explorant sans relâche les liens familiaux. C’est de la belle ouvrage. 


Thomas H. Cook, Le dernier message de Sandrine Madison (Sandrine’s Case), Seuil Policier, 2014. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Philippe Loubat-Delranc. Publication originale: 2013. Disponible en ebook.

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