mardi 3 février 2015

Festival d'Angoulême 31 janvier 2015


Je n’étais allée au festival de la bande dessinée d’Angoulême qu’une fois, il y a des années (pas loin de dix ans, je pense). Voyage en voiture sous la neige, difficultés pour se garer, expositions inaccessibles à moins de vouloir faire une heure de queue, et un hall de vente dont nous étions ressortis sans avoir eu l’envie d’acheter une seule BD (ce qui ressemble à un gag quand on connaît le grand lecteur de BD qui vit avec moi). 
Cette année cependant, plusieurs raisons m’ont menée à Angoulême, hier samedi. Je redoutais cette journée autant que je l’attendais, et je n’avais pas eu le temps de la préparer (pas eu le temps de repérer l’organisation des lieux, par exemple). La première mesure de confort a été la suivante : prendre le train pour y aller. C’était plus long que d’y aller en voiture (TER) mais les horaires étaient convenables; surtout, je n’étais pas tributaire de la météo, et cela offrait du temps de repos. Bien m’en a pris car au retour, j’étais brûlée de fatigue et heureuse de simplement poser mon séant sur un siège… 
Je vous le dis tout de suite, je ne suis pas allée à l’exposition Taniguchi, apparemment magnifique. En effet, j’ai déjà vu des planches de cet auteur, et comme il fallait faire des choix, j’ai préféré voir des choses que je n’avais pas vues jusqu’alors. La première exposition visitée a été celle consacrée à Jack Kirby. Mon regret? Pas d’originaux mais de très bons scans. En dépit de cela, l’exposition était excellente, très didactique, intéressante, retraçant l’itinéraire du dessinateur de façon éclairante. Nous sommes repartis avec un ouvrage sur Kirby, plus complet et bien alléchant. 
Ensuite, cap sur l'exposition Calvin et Hobbes. La file d’attente était conséquente et il ne faisait pas chaud, mais il faut mériter Bill Watterson…  Calvin et Hobbes est le strip qui a fait ma joie alors que je n’étais qu’étudiante, je me souviens avoir découvert les premiers albums à la bibliothèque municipale: des bacs à BD étaient placés dans les couloirs qui menaient à la salle d’étude, et j’ai lu  ces recueils quand j’attendais l’ouverture de la salle. Rapidement, j’ai acheté les albums, guettant chaque nouvelle sortie avec impatience chez le libraire… L’exposition d’Angoulême avait un caractère exceptionnel pour moi: je n’avais jamais vu d’originaux de Watterson. Le début de l’exposition est formidable : le premier mur est consacré aux influences du dessinateur, ce qui m’a permis de voir un original de Schultz ou bien d’Herriman, entre autres, le tout assorti de commentaires de Watterson. Dans une vitrine, les premiers dessins qu’il a publiés ou signés, l’émergence d’un style, c’est passionnant. Pour le reste, c’est un bonheur de voir les planches de Calvin et Hobbes, mais j’aurais aimé avoir au moins de temps à autre, des commentaires de Watterson sur son travail, sur les planches choisies. Malgré tout on perçoit l’immense talent de l’auteur, son sens graphique, sa manière de composer en dépit ou au-delà des contraintes de publication. 
La troisième exposition, au même endroit (Espace Franquin) était consacrée à l’immense scénariste Fabien Nury. C’est celle des trois qui m’a le plus passionnée. Qu’est-ce qu’une expo de scénariste? Un choix de planches commentées par les dessinateurs et par le scénariste, et tout ça est remarquable. D’abord parce qu’on voit des dessins de divers artistes, ensuite parce que les planches choisies et les commentaires qui les accompagnaient étaient très éclairants sur la collaboration accomplie, sur l’articulation entre le dessin et le scénario à travers la mise en scène, sur une oeuvre qui se construit par la conjugaison de deux intelligences narratives et graphiques. 
Il était temps ensuite de déjeuner (toujours un défi, en plein festival), de bavarder avec quelques connaissances et de se joindre à la marche des auteurs, qui ont bien raison de protester contre une réforme inique et qui les renvoie à un peu plus de précarité. 
Découragés par l’invraisemblable file d’attente devant le hall consacré aux éditeurs indépendants, nous avons rejoint le Monde des Bulles où se trouvent les grands noms de l’édition. Certains stands étaient difficilement abordables: nous avons fait le choix d’aller d’abord chez Dargaud, qui avait le bon goût de ne pas imposer de système de tickets pour les dédicaces, et j’ai fait dédicacer le tome 3 de La Colère de Fantômas à Olivier Bocquet (déjà rencontré) et à Julie Rocheleau. L’attente était conséquente mais ça valait la peine. Je vous parlerai de l’album dans un billet très bientôt.
Ensuite, cap sur Delcourt, achats de quelques BD, mais sans dédicace (je ne suis pas une chasseuse de dédicaces de toute façon), et il était temps de rejoindre la gare… 
Le bilan est très positif même si l’idéal serait de passer deux jours sur place : un pour les expos, un pour les achats, en toute quiétude. 
Je pense en tout cas que nous retournerons au festival…

Les achats :
Mark Evanier, Jack Kirby, King of Comics, Urban Comics, 2015. Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean-Marc Lainé. 
Lehman (scénario), Gess (dessin) et Delf (couleur), L’oeil de la nuit, volume 1, Ami du mystère, Delcourt, 2015. 
Olivier Bocquet (scénario) et Julie Rocheleau (dessin), La colère de Fantômas, tome 3/3, A tombeau ouvert, Dargaud, 2015.



En rattrapage!
Chloé Cruchaudet, Mauvais genre, Delcourt, 2013.
Lupano (scénario) et Moreau (dessin), Le Singe de Hartlepool, Delcourt, 2012.

Merchandising: 
Un mug et un tee-shirt Idées noires chez Fluide Glacial + un tee-shirt Pascal Brutal pour un ami (Cyril Viril!).


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