dimanche 23 février 2014

Chronique sentimentale en rouge de Francisco Gonzales Ledesma


Présentation (éditeur)
Dans la Barcelone des années 80, une riche héritière de la bourgeoisie catalane, Blanca, et un ex-boxeur issu des quartiers populaires revivent l’éternelle histoire du ver de terre amoureux d’une étoile ; ce faisant, ils revivent aussi la passion qui, une vingtaine d’années plus tôt, a uni la tante de Blanca à un peintre sans le sou de la bohème barcelonaise. Or, surgi de ce passé soigneusement occulté, voici que l’amoureux d’autrefois semble revenir pour régler ses comptes... Le vieil inspecteur Mendez, sarcastique et désabusé, devra démêler les fils passablement embrouillés de cette chronique sentimentale d’hier et d’aujourd hui qui, très bientôt, se teinte du rouge du sang.

Mon avis
Il y a quelques années de cela j’avais acheté un peu par hasard La dame de Cachemire mais n’avais pas réussi à le lire, ce n’était pas son moment. Il y a quelques jours j’ai eu l’opportunité de lire un autre roman de Francisco Gonzales Ledesma, avec le même personnage, Mendez, mais qui prend place avant La dame de Cachemire : Chronique sentimentale en rouge. Nous sommes dans l’Espagne des années 1980, à Barcelone, dans un pays et dans une ville où tout change mais où le passé est encore très présent. N’attendez pas d’intrigue trépidante avec meurtres à tous les étages, Francisco Gonzales Ledesma prend son temps et c’est bien comme ça. J’ai eu un peu de mal au début de ma lecture, car je trouvais l’intrigue un peu décousue, mais je ne sais pas si c’est dû au roman lui-même ou à mon rythme de lecture, lui-même chaotique pendant deux jours. Quoi qu’il en soit, dès que j’ai pu accorder un peu plus d’attention à ce roman, je m’y suis laissée tomber avec bonheur. Je ne connais pas Barcelone (sinon par Montalban) mais j’ai eu un plaisir fou à humer les quartiers populaires, la faune qui les peuple, sans parler de ces bars à l’atmosphère incroyable (et pourtant si crédible). Ce témoignage d'une époque (que j'imagine révolue) est bouleversant, même s'il s'agit avant tout du regard de l'auteur. Il y a chez Francisco Gonzales Ledesma un amour fou de l’humanité, sans niaiserie, avec espièglerie, de la silhouette entrevue aux personnages principaux. Tous sont touchants, émouvants, attachants, quel que soit leur parcours. Il y a aussi quelque chose de contemplatif, certaines pages sont lyriques ; d’autres donnent lieu à des scènes cocasses, truculentes, notamment grâce au personnage de Mendez, inspecteur qui connaît son petit monde des rues sur le bout des doigts (la scène où il est sur le point d’arrêter un type planqué dans les toilettes d’un bar est savoureuse).
Est-ce du roman noir ? Oui, assurément. Tout se met en place peu à peu, pour aboutir à un final sombre, déchirant et très beau. Il n’y a rien de manichéen ici.
Je vais pour ma prochaine lecture changer d’univers mais j’ai hâte de retrouver Mendez et les rues de Barcelone.

Francisco Gonzales Ledesma, Chronique sentimentale en rouge (Crónica sentimental en rojo), L’Atalante, 1991. Traduit de l’espagnol par Jean-Jacques Fleury. Publication originale: 1984.

NB : il me semble que ce roman n’est plus disponible actuellement en librairie et c’est bien dommage. Dommage car l’édition de L’Atalante est superbe, dommage aussi car Folio ne semble pas avoir repris ce titre alors qu’ont été réédités en poche d’autres volumes de la série des Mendez.




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